Page:Krafft-Ebing - Psychopathia Sexualis, Carré, 1895.djvu/357

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plus ; car, passif, je n’éprouvais que de la douleur ; et, actif, je n’avais pas de plaisir, tandis que l’onanisme mutuel nous procurait la plus grande jouissance. Je me laissai faire encore plusieurs fois par le médecin, et encore je ne le fis que par gratitude. Jusqu’à l’âge de quinze ans, je pratiquai avec des amis l’onanisme passif ou mutuel.

J’étais devenu grand ; les femmes et les filles me faisaient toutes sortes d’avances ; mais je les fuyais comme Joseph fuyait la femme de Putiphar. À l’âge de quinze ans, je vins dans la capitale. Je n’avais que rarement l’occasion de satisfaire mon penchant sexuel. En revanche, je jouissais à l’aspect des images et des statues d’hommes, et je ne pouvais m’empêcher d’embrasser ardemment les statues aimées. L’ennui principal pour moi, c’étaient les feuilles de vigne qui couvraient les parties génitales.

À l’âge de dix-sept ans, je me fis inscrire à l’Université. De nouveau je vécus deux ans avec mon ami H…

À l’âge de dix-sept ans et demi on me poussa, alors que j’étais en état d’ivresse, à faire le coït avec une femme. Je me forçai ; mais, aussitôt l’acte accompli, je pris la fuite, rempli de dégoût. De même qu’après ma première manustupration active, j’eus comme le sentiment que j’avais commis un crime. Dans un nouvel essai que je fis, sans être ivre, puella nuda pulcherrima operante erectio non evenit[ws 1], tandis que la vue seule d’un garçon ou le contact de ma cuisse avec une main d’homme rendait mon pénis raide comme de l’acier. Mon ami H… venait, il y a peu de temps, de faire la même expérience. Nous nous creusâmes alors la tête, mais en vain, pour en découvrir la cause. Je laissai donc les femmes pour ce qu’elles sont, et je trouvai mon plaisir chez des amis par l’onanisme passif et mutuel : entre autres je le pratiquais avec les deux fils du médecin qui, depuis mon départ, avait abusé de ses enfants en leur faisant de la pædicatio[ws 2].

À l’âge de dix-neuf ans je fis la connaissance de deux vrais uranistes.

A…, cinquante-six ans, d’un extérieur féminin, imberbe, très médiocre au point de vue intellectuel, avec un instinct sexuel très fort et qui s’est manifesté trop prématurément, a pratiqué l’amour uraniste depuis l’âge de six ans. Il venait tous les mois une fois dans la capitale. J’étais obligé de coucher avec lui : il était insatiable d’onanisme mutuel et me força aussi à la pædicatio active et passive, ce que j’ai dû accepter à contre-cœur, par-dessus le marché.

  1. avec une très belle fille nue, je n’eus pas d’érection
  2. sodomie