Page:Krafft-Ebing - Psychopathia Sexualis, Carré, 1895.djvu/362

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pere pene erecto illum domum venientem expectavi. Quod si ille fortuito genitalia mea in tecto tetigit, summa voluptate affectus sum[ws 1]. À l’âge de quatorze ans, j’avais un camarade d’école qui partageait mes goûts. In schola per nonnulas horas alter genitalia alterius tenebat manibus[ws 2]. Ah ! quelles heures délicieuses ! Je stationnais dans les maisons de bains le plus souvent que je pouvais. L’aspect des parties génitales viriles me causait de violentes érections. À l’âge de seize ans, je fus envoyé dans la grande ville. La vue de tant de beaux hommes me ravissait. À l’âge de dix-sept ans et demi, j’essayai le coït avec une fille publique, mais, pris de dégoût et de répugnance, je fus incapable de l’accomplir. D’autres essais encore échouèrent, jusqu’à l’âge de dix-neuf ans. Alors je réussis une fois ; mais le coït ne me procura aucun plaisir, il me laissa plutôt un sentiment de dégoût. Je me fis violence ; j’étais fier du succès, de cette preuve que j’étais pourtant un homme, ce dont j’avais commencé à douter.

Des essais ultérieurs ne réussirent plus. Le dégoût était trop vif. Quand la femme se déshabillait, j’étais obligé d’éteindre tout de suite la lumière. Je me crus alors impuissant ; je consultai des médecins ; je fréquentai les bains et les établissements hydrothérapiques pour guérir ma prétendue impuissance, car je ne savais pas du tout ce que je devais en penser. J’aimais la société des dames, par vanité peut-être, car je paraissais sympathique et aimable à la plupart des femmes. Je n’estimais chez la femme que les qualités spirituelles et esthétiques. J’aimais à danser avec des femmes douées de ces qualités, mais quand ma danseuse se serrait pendant la danse contre moi, j’éprouvais une sensation fortement désagréable, du dégoût même, et j’aurais bien voulu la battre. Quand, par hasard, il arrivait qu’un monsieur, par pure plaisanterie, dansait avec moi, j’avais toujours le rôle de la dame. Alors je me serrais, je me pressais contre lui, et j’en étais tout ravi et content. Quand j’eus dix-huit ans, un monsieur qui venait dans notre bureau dit un jour : « C’est un gentil garçon, pour lequel on pourrait, en Orient, demander à chaque instant une livre sterling. » Ce propos m’intrigua beaucoup, et j’aurais bien voulu avoir le mot de cette énigme. Un autre monsieur aimait à plaisanter avec moi et, en sortant de chez nous, il m’enlevait souvent des baisers que, hélas ! je lui aurais si volontiers accordés. Ce voleur de baisers est devenu plus tard un de mes amants. Grâce à ces circonstances, mon attention fut éveillée, et j’attendais une occasion propice.

  1. lors des longues heures du soir, j’attendais qu’il vint de lui-même en érection. Mais si, par hasard, il touchait mon sexe, j’éprouvais la plus grande volupté
  2. À l’école, pendant plusieurs heures, nous tenions chacun les parties génitales de l’autre en main