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disposition la lettre suivante qu’il avait reçue au mois de janvier 1890 :

« Par le traitement suggestif de M. le baron v. Schrenck, j’eus pour la première fois la faculté physique d’avoir des rapports sexuels avec une femme, ce qui, jusqu’ici ne m’avait pas réussi malgré des essais réitérés.

« Comme mon besoin esthétique ne pouvait être satisfait par des relations avec des prostituées, j’ai cru trouver mon salut réel dans un mariage. Une affection amicale ancienne pour une dame que je connais depuis mon enfance m’a fourni la meilleure occasion de conclure un mariage, d’autant plus qu’à cette époque je croyais que c’était elle qui serait le plus capable d’éveiller en moi des sentiments pour le sexe féminin, sentiments qui, jusque-là m’étaient totalement inconnus. Son être répond tellement à mes inclinations que je suis profondément convaincu de trouver aussi une complète satisfaction physique. Cette conviction n’a pas changé pendant les mois qui se sont écoulés depuis nos fiançailles.

« J’ai l’intention de me marier dans quatre semaines.

« En ce qui concerne mon attitude vis-à-vis du sexe masculin, ma force de résistance – c’est le résultat le plus positif et le plus constant du traitement – subsiste toujours au même degré. Tandis que, autrefois, il m’était impossible, en voyant par exemple un beau cocher de tramway, de résister à une excitation sexuelle intense au point de me forcer à quitter la voiture : aujourd’hui je peux rester sans aucune excitation sexuelle, même quand je me trouve avec mon ancien amant. Il faut ajouter toutefois que la fréquentation de ce dernier a toujours pour moi un certain attrait qui cependant ne peut être comparé à mon ancienne passion.

« D’autre part j’ai refusé, et sans que cela m’ait coûté beaucoup d’efforts, des offres réitérées d’entrer en rapports sexuels avec des hommes auxquels autrefois je n’aurais pu résister.

« Je puis affirmer que c’est plutôt par sentiment de pitié que je ne romps pas les relations avec mon ancien amant qui a conservé pour moi son affection passionnée.

« Ces relations me paraissent plutôt comme un devoir moral que comme un besoin intérieur.

« Depuis que le traitement médical a été terminé, je n’ai plus eu de rapports avec des prostituées. Cette circonstance, ainsi que les nombreuses lettres de mon ancien amant et ses tentatives de renouer l’ancienne liaison, peuvent être considérées comme la cause de ce que, dans l’intervalle de huit mois, je me suis laissé entraî-