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tité avec l’inconnu qui avait attiré le garçon dans le bois. De plus, avec l’aide de sa sœur, E… établit un alibi.

La gendarmerie, infatigable, réussit cependant à recueillir de nouveaux indices et enfin E… fit des aveux complets.

Il avait attiré la fillette dans le bois, l’avait terrassée, lui avait dénudé les parties génitales et avait voulu en abuser. Mais comme elle avait la teigne et qu’elle criait beaucoup, il avait perdu l’envie de commettre son acte et s’était enfui.

Après avoir attiré le garçon dans le bois sous prétexte de prendre des nids d’oiseaux, il eut une envie subite d’abuser de lui. Mais comme l’enfant refusait de défaire son pantalon, il le lui avait enlevé de force, et comme il criait, il lui avait donné deux coups de couteau dans la gorge. Il avait alors fait une incision sur le pubis pour avoir un semblant de parties génitales féminines et pour assouvir son désir par cette fente. Mais le corps étant devenu tout de suite froid, il avait perdu l’envie de commettre l’acte, il s’était empressé de laver ses mains et son couteau et de prendre la fuite.

En voyant le garçon mort, il avait pris peur et son membre était tout de suite devenu flasque.

Pendant son interrogatoire E… jouait avec son chapelet, comme si l’affaire ne le regardait pas. Il a agi par faiblesse mentale. Il ne peut pas comprendre, ajoute-t-il, comment il a pu commettre une pareille action. C’est peut-être dans le sang, car souvent il devient abruti à en tomber par terre. Ses anciens maîtres affirment qu’il avait des moments où il était comme en absence d’esprit, récalcitrant, qu’alors il ne travaillait pas pendant des journées et qu’il fuyait la société des hommes.

Son père dépose que E… apprenait difficilement à l’école, qu’il était maladroit au travail et souvent si hébété qu’on n’osait pas le punir. Alors il ne mangeait rien, quittait à l’occasion la maison et restait absent pendant plusieurs jours.

Dans ces périodes, il paraissait tout à fait absorbé par ses pensées, faisait des grimaces singulières et tenait des propos incohérents.

Étant jeune homme, il pissait encore au lit, et lorsqu’il fréquentait l’école il est souvent revenu de la classe avec ses vêtements mouillés ou souillés. Son sommeil était très agité, de sorte qu’on ne pouvait pas dormir à côté de lui. Il n’a jamais eu de camarades ; il n’a jamais été ni cruel, ni méchant, ni immoral.

La mère fait une déposition analogue ; elle dit encore que E… eut à l’âge