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de cinq ans, pour la première fois, des convulsions et qu’il perdit la parole pendant sept jours. À l’âge de sept ans environ il a eu pendant quarante jours des accès de convulsions et a été aussi hydropique. Plus tard encore il avait souvent pendant son sommeil des mouvements convulsifs ; il parlait pendant son sommeil et quelquefois après de pareilles nuits on trouvait le matin le lit tout mouillé.

Parfois on ne pouvait rien obtenir de ce garçon. Comme la mère ne savait pas si c’était à cause de sa méchanceté ou par maladie, elle n’osait pas le punir.

Depuis ses accès convulsifs à l’âge de sept ans, il avait tellement rétrogradé intellectuellement, qu’il ne put même pas apprendre les prières ordinaires ; de plus il est devenu d’un caractère très emporté.

Les voisins, les autorités de la commune, les maîtres d’écoles, confirment que E… était un homme faible d’esprit, emporté, parfois très bizarre, et se trouvant naturellement dans un état d’exception psychique.

Voici ce qui ressort de l’examen des médecins légistes. E… est grand, svelte, maigre, son crâne a une circonférence d’à peine 53 centimètres ; il est rhombiquement déformé et la partie postérieure est abrupte.

L’air est inintelligent, le regard fixe, sans expression, le maintien du corps négligé, penché en avant ; les mouvements sont lents et lourds. Les parties génitales sont normalement développées. Tout l’extérieur de E… indique la torpeur et la débilité mentale.

Pas de stigmates de dégénérescence, ni anomalie des organes végétatifs, pas de troubles du côté de la motilité ni de la sensibilité. E… est né d’une famille tout à fait saine. Il ne se rappelle pas avoir eu des convulsions dans son enfance ni avoir mouillé son lit la nuit, mais il raconte que ces années dernières il a eu des accès de vertige et de « lourdeur » dans la tête.

De prime abord il nie carrément son assassinat. Plus tard il avoue tout avec un grand repentir et expose clairement devant le juge d’instruction les mobiles de son crime. Jamais auparavant une pareille idée ne lui était venue.

E… s’est adonné depuis des années à l’onanisme. Il le pratiquait jusqu’à deux fois par jour. Il prétend que par manque de courage il n’a jamais osé demander le coït à une femme, bien que, dans ses rêves érotiques, c’étaient toujours des scènes avec des femmes