Mais, prenant dans son ensemble ces deux circonstances, le tribunal s’est fait la conviction que les deux accusés étaient coupables, et considéra comme établi que : « l’état anormal de l’anus de G… n’a pu se produire qu’à la suite de l’introduction réitérée du membre de l’accusé S… dans cette partie du corps, et que G… s’est prêté complaisamment à ces pratiques et a toléré l’exécution sur lui de ces actes immoraux ».
Ainsi le cas prévu par l’article 175 du R. St. G. semble être établi. En fixant les peines on a tenu compte du degré d’instruction de S…, du fait que c’est lui qui a évidemment séduit G… ; pour ce dernier on a pris en considération qu’il avait été séduit et qu’il était encore très jeune ; pour tous les deux, on admit comme circonstance atténuante leurs bons antécédents, et, conformément à ces conditions, le Dr S… a été condamné à huit mois de prison, le jeune G… à quatre mois.
Les accusés se sont pourvus en cassation auprès du tribunal de l’empire à Leipzig et se préparaient, dans le cas où la cassation serait rejeté, à recueillir des documents afin de pouvoir demander la révision du procès.
Ils se soumirent à l’examen et à l’observation de spécialistes célèbres. Ceux-ci déclarèrent que, d’après les constatations faites sur l’anus de G…, il n’y avait aucun indice d’actes de pédérastie passive.
Comme les parties intéressées attachaient aussi une grande importance au côté psychologique du cas, dont on ne s’était pas du tout occupé pendant l’audience, l’auteur de ce livre reçut la mission d’examiner et d’observer le Dr S… et son coaccusé G…
Résultats de mon examen personnel fait du 11 au 18 décembre 1888, à Gratz. – Le Dr S…, trente-sept ans, marié depuis deux ans, sans enfants, autrefois chef du laboratoire municipal à H…, est né d’un père qui, à ce qu’on dit, est devenu nerveux à la suite de surmenage. À l’âge de cinquante-sept ans il a été atteint d’une attaque d’apoplexie ; à l’âge de soixante-sept ans, il est mort à la suite d’une nouvelle attaque d’apoplexie. La mère vit encore : on la dépeint comme une femme vigoureuse, mais qui depuis des années souffre des nerfs. La mère de cette dernière est morte à un âge assez avancé et, prétend-on, à la suite d’un abcès du cervelet. Un frère du père de la mère aurait été buveur. Le grand-père de l’accusé du côté paternel est mort prématurément à la suite d’un ramollissement du cerveau.
Le Dr S… a deux frères qui jouissent d’une bonne santé.