Page:Krafft-Ebing - Psychopathia Sexualis, Carré, 1895.djvu/587

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S… dont il est devenu pour ainsi dire un familier. Tous deux faisaient souvent des promenades ensemble. Pendant une de ces promenades S… dit à G… qu’il était joli garçon et qu’il l’aimait beaucoup. S… prétend n’avoir touché ce sujet que pour avertir G… de certains dangers. Quant à leurs rapports dans la maison, il est établi que S… assis sur le canapé, avait parfois enlacé de ses bras G… et l’avait embrassé. Cette marque d’affection lui fut donnée aussi en présence de Mme S… et de la bonne de la maison. Lorsque G… fut atteint de blennorragie, S… lui montrait comment il fallait faire les injections et, à cette occasion, il prenait dans sa main le membrum[ws 1] du jeune homme. G… déclare qu’en demandant à S… pourquoi il l’aimait tant, celui-ci aurait répondu : « Je ne le sais pas moi-même ». Quand G… restait quelques jours sans venir, S… s’en plaignait avec des larmes dans les yeux aussitôt que G… faisait sa réapparition. S… lui disait aussi que son ménage n’était pas heureux et, les larmes aux yeux, priait G.… de ne pas l’abandonner, car il était l’ami qui devait remplacer sa femme.

L’acte d’accusation conclut de tous ces faits que la liaison entre les deux accusés avait une tournure sexuelle. Si tout se passait en public et de façon à être remarqué par tout le monde, c’est une circonstance qui, selon l’acte d’accusation, ne vient point à l’appui du caractère inoffensif de la liaison, mais c’est plutôt une preuve de l’intensité de la passion de S… On convient que l’accusé a des antécédents sans tache, une conduite honorable et un cœur tendre. Il est probable que la vie conjugale de S… n’était pas heureuse et qu’il avait des disposions naturelles très sensuelles.

Au cours de l’instruction judiciaire, on a plusieurs fois soumis G… à un examen médico-légal. Il est d’une taille moyenne, avec un teint pâle, une constitution robuste. Le pénis et les testicules sont très fortement développés.

On a constaté d’un unanime accord que l’anus, par suite du manque de plis à son pourtour et du relâchement du sphincter, était altéré pathologiquement, et que ces changements permettaient avec une certaine probabilité de conclure à la pratique de la pédérastie passive.

C’est sur ces faits que fut basée la sentence du tribunal. L’arrêt a reconnu que la liaison existant entre les deux accusés n’indiquait pas d’une manière certaine l’impudicité contre nature, les constatations faites sur le corps de G… ne suffisant pas en elles-mêmes à en fournir la preuve.

  1. sexe