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Il est vrai qu’il a dit une fois que G… était un joli garçon ; mais cette remarque n’avait qu’un intérêt bien inoffensif.

C’est dans un débordement d’amitié qu’il a embrassé G…, alors que celui-ci avait fait preuve d’une attention particulière ou lui avait fait un plaisir. Mais jamais il n’y avait éprouvé aucune sensation sexuelle. Aussi quand il rêvait par-ci par-là de G…, c’était d’une façon bien innocente.

L’auteur de ce livre crut d’une grande importance d’étudier aussi le caractère de G… L’occasion s’en est offerte le 12 décembre de l’année courante, et il en a largement profité.

G… est un jeune homme au corps délicat, développé normalement pour son âge ; il a vingt ans ; il a une apparence névropathique et sensuelle. Les parties génitales sont normales et fortement développées. L’auteur croit devoir passer sur les constatations faites sur l’anus de ce jeune homme, car il ne se croit pas autorisé à émettre un jugement sur le rapport médical. Quand on s’entretient quelque temps avec G…, celui-ci fait l’impression d’un jeune homme inoffensif, bon, dénué d’astuce, léger, mais pas du tout corrompu moralement. Rien dans sa mise, ni dans son attitude n’indique un sentiment sexuel pervers. On ne peut concevoir le moindre soupçon d’avoir affaire à une courtisane du sexe masculin.

G…, amené in medias res[ws 1], déclare que S… et lui ont innocemment dit les choses qu’on leur reproche, et c’est là-dessus qu’on a échafaudé tout le procès.

Au début l’amitié et surtout les embrassements de S… lui ont paru étranges. Plus tard il s’est convaincu que c’était de la pure amitié, et il ne s’en est plus étonné.

G… reconnut dans S… comme un ami paternel, et il l’aima parce que ce dernier lui était agréable sans arrière-pensée.

Le mot « joli garçon » a été prononcé un jour que G… avait une amourette et qu’il exprimait ses doutes sur son bonheur à venir. C’est alors que S… l’avait consolé en lui disant : « Vous avez une jolie tournure, vous ne manquerez pas de faire un bon parti. »

Une fois S… s’est plaint à lui que sa femme avait un penchant pour la boisson, et, en lui faisant cette confidence, il avait les larmes aux yeux. Alors G… fut touché du malheur de son ami. C’est à cette occasion que S… l’avait embrassé et l’avait prié de lui conserver son amitié et de venir souvent le voir.

S… n’a jamais spontanément amené la conversation sur les

  1. amené immédiatement au cœur du sujet