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toutefois exceptionnelle parmi les populations européennes Elle suppose une perversion congénitale ou acquise du sens sexuel en même temps qu’une défectuosité du sens moral acquise par des influences héréditaires ou morbides.

La science médico-légale connaît exactement les conditions physiques et psychiques sur la base desquelles se produit cette aberration de la vie sexuelle et, dans un cas concret, surtout lorsqu’il est douteux, il paraît nécessaire d’examiner si ces conditions empiriques et subjectives existent aussi pour la pédérastie.

À ce sujet, il faut bien distinguer entre la pédérastie active et la passive. La pédérastie active se rencontre :

I. Comme phénomène non morbide :
1o Comme moyen de satisfaction sexuelle dans le cas d’une abstinence forcée des jouissances sexuelles normales, quand en même temps l’individu a de grands besoins sexuels ;
2o Chez de vieux débauchés qui, rassasiés des jouissances sexuelles normales, et devenus plus ou moins impuissants, et de plus dépravés moralement, ont recours à la pédérastie pour stimuler leur volupté par ce charme d’un nouveau genre, et remonter un peu leur impuissance psychique et somatique tombée très bas ;
3o Traditionnel chez certains peuples à un niveau très bas de civilisation et dont ni la moralité ni les mœurs ne sont développées.
 
II. Comme phénomène morbide :
1o Sur la base d’une inversion sexuelle congénitale avec horreur des rapports sexuels avec la femme, inversion qui va jusqu’à l’impuissance à accomplir l’acte normal. Ainsi que l’a déjà remarqué Casper, la pédérastie est très rare dans ce cas. L’uraniste se satisfait avec l’homme par la masturbation passive ou mutuelle ou par des actes similaires du coït (par exemple coitus inter femora[ws 1]) et n’arrive qu’exceptionnellement à la pédérastie, par rut sexuel ou par complaisance, quand le sens moral est chez lui très diminué ;
2o Sur la base de l’inversion morbide acquise :
a. À la suite de l’onanisme pratiqué pendant des années et ayant rendu l’individu impuissant en présence de la femme, et quand en même temps un vif désir sexuel continue à subsister ;
b. À la suite d’une grave maladie psychique (imbécillité sénile, ramollissement du cerveau chez les aliénés, etc.) ; dans ce cas,
  1. coït entre les cuisses