Page:Kropotkine — Paroles d'un Révolté.djvu/12

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Et, pendant ce temps-là, que font-elles, ces classes régnantes ?

Tandis que les sciences naturelles prennent un essor qui nous rappelle le siècle passé aux approches de la grande révolution ; tandis que de hardis inventeurs viennent entr’ouvrir chaque jour de nouveaux horizons à la lutte de l’homme contre les forces hostiles de la nature, — la science sociale bourgeoise reste muette : elle remâche ses vieilles théories.

Progressent-elles peut-être, ces classes régnantes, dans la vie pratique ? — Loin de là. Elles s’acharnent obstinément à secouer les lambeaux de leurs drapeaux, à défendre l’individualisme égoïste, la concurrence d’homme à homme et de nation à nation, l’omnipotence de l’État centralisateur.

Elles passent du protectionnisme au libre échange, et du libre échange au protectionnisme, de la réaction au libéralisme et du libéralisme à la réaction ; de l’athéisme à la momerie et de la momerie à l’athéisme. Toujours peureuses, toujours le regard tourné vers le passé, toujours de plus en plus incapables de réaliser quoi que ce soit de durable.

Tout ce qu’elles ont fait a été un démenti formel à ce qu’elles avaient promis.

Elles nous avaient promis, ces classes régnantes, — de nous garantir la liberté du travail, — et elles nous ont faits esclaves de l’usine, du patron, du contremaître. Elles se sont chargées d’organiser l’industrie, de nous garantir le bien-être, — et elles nous ont donné les crises interminables et la misère ; promis l’instruction, — et nous ont réduits à l’impossibilité de nous instruire ; promis la liberté politique, — et