Page:Kropotkine — Paroles d'un Révolté.djvu/13

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nous ont traînés de réaction en réaction ; promis la paix, — et amené la guerre, des guerres sans fin.

Elles ont manqué à toutes leurs promesses.




Mais le peuple est las ; il se demande où il en est, après s’être laissé si longtemps berner et gouverner par la bourgeoisie.

La réponse est dans la situation économique actuelle de l’Europe.

La crise, autrefois calamité passagère, est devenue chronique. La crise du coton, la crise en métallurgie, la crise horlogère, toutes les crises se déchaînent aujourd’hui à la fois, s’installent en permanence.

On évalue à plusieurs millions le nombre d’ouvriers sans travail, à l’heure qu’il est, en Europe ; à des dizaines de mille le nombre de ceux qui rôdent de ville en ville en mendiant, ou s’ameutent pour demander, avec menaces, du travail ou du pain ! Comme les paysans de 1787 rôdaient sur les routes par milliers, sans trouver sur le riche sol de la France accaparé par les aristocrates un lopin de terre pour le cultiver et une pioche pour le remuer, — de même aujourd’hui, l’ouvrier reste les bras vides, sans trouver la matière première et l’instrument, nécessaires pour produire, mais accaparés par une poignée de fainéants.

De grandes industries tuées roide, de grandes villes, comme Sheffield, rendues désertes. Misère en Angleterre, surtout en Angleterre, car c’est là que les « économistes » ont le mieux appliqué leurs principes ; misère en Alsace ; la faim en Espagne, en Italie. Chô-