Page:Kropotkine — Paroles d'un Révolté.djvu/15

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une faillite scandaleuse, dès que les gros bonnets fondateurs se seront retirés en emportant les millions qui représentent « le bénéfice de l’idée. »

Ou bien, ce capital ira construire des chemins de fer inutiles, au Gothard, au Japon, au Sahara s’il le faut, — pourvu que les Rothschild fondateurs, l’ingénieur en chef et l’entrepreneur y gagnent chacun quelques millions.

Mais surtout, le capital se lancera dans l’agiotage : le jeu en grand à la Bourse. Le capitaliste spéculera sur la hausse factice des prix du blé ou du coton ; il spéculera sur la politique, sur la hausse qui se produira à la suite de tel bruit de réforme ou de telle note diplomatique ; et très souvent ce seront — cela se voit tous les jours — les agents même du gouvernement qui tremperont dans ces spéculations.

L’agiotage tuant l’industrie, c’est cela qu’ils appellent la gérance intelligente des affaires ! C’est pour cela que nous devons — disent-ils — les entretenir !




Bref, le chaos économique est à son comble.

Cependant, ce chaos ne peut plus durer longtemps. Le peuple est las de subir ces crises, provoquées par la rapacité des classes régnantes : il veut vivre en travaillant, et non pas subir des années de misère, assaisonnées de charité humiliante, pour deux, trois ans de travail exténuant, plus ou moins assuré quelquefois, mais toujours très mal rétribué.

Le travailleur s’aperçoit de l’incapacité des classes gouvernantes : incapacité de comprendre ses aspira-