Page:Kropotkine — Paroles d'un Révolté.djvu/14

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mage partout ; et avec le chômage, la gêne ou plutôt la misère : les enfants livides, la femme vieillie de cinq ans au bout d’un hiver ; les maladies fauchant à grands coups dans les rangs ouvriers, — voilà où nous en sommes avec leur régime.

Et ils viennent nous parler de surproduction ! Surproduction ? Quand le mineur qui entasse des montagnes de houille n’a pas de quoi se payer un feu au plus rude de l’hiver ? Quand le tisserand qui tisse des kilomètres d’étoffe, doit refuser une chemise à ses enfants déguenillés ? Quand le maçon qui bâtit les palais, loge dans un taudis, et l’ouvrière, qui fait des chefs-d’œuvre de poupées habillées, n’a qu’un châle troué pour la garantir contre toutes les intempéries ?

Est-ce là ce qu’ils appellent l’organisation de l’industrie ? On dirait plutôt l’alliance secrète des capitaux pour dompter l’ouvrier par la faim.




Le capital, ce produit du travail de l’espèce humaine, accumulé entre les mains de quelques-uns, il fuit, — nous dit-on, — l’agriculture et l’industrie, faute de sécurité.

Mais où donc va-t-il se nicher, lorsqu’il sort des coffres-forts ?

Parbleu ! il a des placements plus avantageux ! Il ira meubler les harems du Sultan ; il ira alimenter les guerres, soutenir le Russe contre le Turc, et, en même temps, le Turc contre le Russe.

Ou bien encore, il ira un jour fonder une société d’actionnaires, non pas pour produire quoi que ce soit, mais simplement pour amener dans deux ans