Page:Kropotkine — Paroles d'un Révolté.djvu/160

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tion profonde, le cultivateur du sol ne sera plus, comme aujourd’hui, le paria de la société, où il viendra prendre sa place au banquet de la vie et du développement intellectuel, à côté de tous les autres, où le village, cessant d’être l’antre de l’ignorance, deviendra le centre d’où rayonneront sur le pays le bien être et la vie.


II


Dans le chapitre précédent nous avons vu dans quelle situation déplorable, ou plutôt épouvantable, se trouve le cultivateur du sol, le paysan, en Irlande, en Espagne, en Italie, en Russie. Il ne peut plus y avoir de doute à ce sujet : la révolte agraire est à l’ordre du jour dans ces pays. Mais, dans les pays qui se flattent d’être civilisés, comme l’Angleterre, l’Allemagne, la France, et même la Suisse, la situation de l’agriculteur devient aussi de plus en plus intenable.

Voici, par exemple, l’Angleterre. Il y a deux cents ans, c’était encore un pays où l’agriculteur, travaillant la terre qui lui appartenait, jouissait d’un certain bien-être. Aujourd’hui, c’est le pays des grands propriétaires, fabuleusement riches, et d’un prolétariat agricole, réduit à la misère.

Les quatre cinquièmes de tout le sol arable, soit 23,976,000 hectares, sont la propriété d’une poignée de 2,340 grands propriétaires ; 710 lords possèdent le