Page:Kropotkine — Paroles d'un Révolté.djvu/159

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

mense révolution, avec toutes ses conséquences pour l’Europe entière.




Mais si la question agraire vient à se poser sous ces formes grandioses dans les pays que nous venons de nommer, si la vieille Europe se trouve un jour entourée, comme d’un cercle de feu, par ces émeutes de paysans, si l’expropriation des seigneurs s’effectue largement dans ces contrées, le centre de l’Europe, les pays soi-disant civilisés, n’en ressentiront-ils pas le contre-coup ? L’affirmation ne saurait être douteuse. Et lorsque nous aurons analysé dans un prochain chapitre la situation agraire en Angleterre, en France, en Allemagne, en Suisse, lorsque nous aurons étudié l’influence puissante d’un nouvel élément qui fait déjà pousser des cris d’alarme en Angleterre, l’intervention de la production du blé à la façon des grandes industries en Amérique et en Australie, lorsque nous aurons enfin jeté un coup d’œil sur les idées nouvelles qui envahissent le cerveau des paysans dans les pays qui se considèrent comme les places fortes de la civilisation, nous verrons alors que la question agraire se pose, quoique sous diverses formes, devant l’Europe entière, en Angleterre aussi bien qu’en Russie, en France aussi bien qu’en Italie. Nous verrons que la situation actuelle devient intenable et ne peut durer longtemps ; que le jour n’est pas loin, où la société devra se transformer jusque dans ses fondements et donner place à un nouvel ordre de choses : un ordre de choses où, le régime de la propriété et de la culture ayant subi une modifica-