Page:Kropotkine — Paroles d'un Révolté.djvu/163

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brés d’annonces de vente aux enchères de ces fermes.

Ainsi se résume la situation agraire : La grande masse du peuple est chassée du sol et refoulée vers les grandes villes et les centres manufacturiers, où les faméliques se font une concurrence effrénée. Le sol est entre les mains d’une poignée de seigneurs qui touchent des revenus fabuleux et les dépensent à tort et à travers pour un luxe insensé, improductif. Les intermédiaires, les fermiers cherchent à se constituer en petits seigneurs, mais, ruinés par des rentes excessives, ils sont prêts à faire cause commune avec le peuple pour arracher la terre aux gros propriétaires. Toute la vie du pays se ressent de cette situation anormale de la propriété foncière.




Quoi d’étonnant que le cri de « Nationalisation du sol ! » devienne aujourd’hui le cri de ralliement de tous les mécontents ? La grande Ligue de la Terre et du Travail demandait, déjà en 1869, que toutes les terres des grands seigneurs fussent confisquées par la nation entière, et cette idée gagne chaque jour du terrain. La « Ligue des travailleurs des campagnes », forte de 150,000 membres, qui n’avait, il y a dix ans, qu’un seul but, celui d’élever, par la grève, les salaires, demande maintenant, elle aussi, la dépossession des seigneurs.

Enfin la Ligue de la Terre irlandaise commence à étendre ses ramifications sur l’Écosse et sur l’Angleterre, et partout elle trouve des sympathies. Or, on sait comment cette ligue procède. Elle commencera par déclarer que les rentes à payer aux grands pro-