Page:Kropotkine — Paroles d'un Révolté.djvu/181

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nous nous trouvons en présence d’une masse de préjugés hérités des temps passés, d’idées absolument fausses, lancées pour mieux tromper le peuple, de sophismes minutieusement élaborés pour fausser le jugement populaire. Nous avons ainsi tout un travail préliminaire à faire pour marcher avec sûreté.

Or, parmi ces préjugés il en est un qui mérite surtout notre attention, parce que non seulement il est la base de toutes nos institutions politiques modernes, mais parce que nous en retrouvons les traces dans presque toutes les théories sociales mises en avant par les réformateurs. C’est celui qui consiste à mettre sa foi en un gouvernement représentatif, en un gouvernement par procuration.




Vers la fin du siècle passé, le peuple français renversait la monarchie, et le dernier des rois absolus expiait sur l’échafaud ses crimes et ceux de ses prédécesseurs.

Il semblait que précisément à cette époque, lorsque tout ce que la révolution fit de bon, de grand, de durable, fut accompli par l’initiative et l’énergie des individus ou des groupes, et grâce à la désorganisation et à la faiblesse du gouvernement central, il semblait, dis-je, qu’à cette époque le peuple ne chercherait pas à rentrer sous le joug d’un nouveau pouvoir, basé sur les mêmes principes que l’ancien, et d’autant plus fort qu’il ne serait pas rongé par les vices du pouvoir déchu.

Loin de là. Sous l’influence de préjugés gouverne-