Page:Kropotkine — Paroles d'un Révolté.djvu/183

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un brigand qui appellera l’invasion de l’étranger sur les plaines fertiles de la France.

Vingt ans plus tard, il retombe encore dans la même faute. Voyant la ville de Paris libre, désertée par la troupe et les pouvoirs, il ne cherche pas à expérimenter une nouvelle forme qui faciliterait l’établissement d’un nouveau régime économique. Heureux d’avoir changé le mot d’Empire en celui de République et celui-ci en Commune, il s’empresse d’appliquer encore une fois, au sein de la Commune, le système représentatif. Il falsifie l’idée nouvelle par l’héritage vermoulu du passé. Il abdique sa propre initiative entre les mains d’une assemblée de gens élus plus ou moins au hasard, et il leur confie le soin de cette réorganisation complète des relations humaines qui, seule, eût pu donner à la Commune la force et la vie.

Les constitutions périodiquement déchirées en lambeaux s’envolent comme des feuilles mortes entraînées dans la rivière par un vent d’automne ! N’importe, on revient toujours à ses premières amours ; la seizième constitution déchirée, on en refait une dix-septième !




Enfin, même en théorie, nous voyons des réformateurs qui, en matière économique, ne s’arrêtent pas devant un remaniement complet des formes existantes, qui se proposent de bouleverser de fond en comble la production et l’échange et d’abolir le régime capitaliste. Mais dès qu’il s’agit d’exposer — en théorie, bien entendu — leur idéal politique, ils n’osent pas toucher au système représentatif ; sous forme d’État