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chez le lecteur, lorsque nous aurons étudié les vices intrinsèques du système représentatif, inhérents au système lui-même, quels que soient le nom et l’étendue des groupements humains au sein desquels il est appliqué.


II


« Prémunis par nos mœurs modernes contre les prestiges de la royauté absolue — écrivait Augustin Thierry en 1828 —, il en est d’autres dont nous devons nous garder, ceux de l’ordre légal et du régime représentatif[1]. » Bentham disait à peu près la même chose. Mais, à cette époque, leurs avertissements passèrent inaperçus. On croyait alors au parlementarisme, et on répondait à ces quelques critiques par cet argument, assez plausible en apparence : « Le régime parlementaire n’a pas encore dit son dernier mot ; il ne doit pas être jugé tant qu’il n’aura pas pour base le suffrage universel. »

Depuis, le suffrage universel s’est introduit dans nos mœurs. Après s’y être longtemps opposée, la bourgeoisie a fini par comprendre qu’il ne compromettrait nullement sa domination, et elle s’est décidée à l’accepter. Aux États-Unis, le suffrage universel fonctionne déjà depuis près d’un siècle dans les con-

  1. Lettres sur l’histoire de France ; lettre xxv.