Page:Kropotkine — Paroles d'un Révolté.djvu/191

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par les préfets d’un Bonaparte ou archi-librement élu par une ville insurgée —, le gouvernement représentatif cherchera toujours à étendre sa législation, à renforcer toujours le pouvoir en s’ingérant dans toute chose, en tuant l’initiative de l’individu et du groupe pour les supplanter par la loi. Sa tendance naturelle, inévitable, sera de prendre l’individu dès son enfance, et de le mener de loi en loi, de menace en punition, du berceau au tombeau sans jamais affranchir cette proie de sa haute surveillance. A-t-on jamais vu une assemblée élue se déclarer incompétente sur n’importe quoi ? Plus elle est révolutionnaire, et plus elle s’empare de tout ce qui n’est pas de sa compétence. Légiférer sur toutes les manifestations de l’activité humaine, s’immiscer jusque dans les moindres détails de la vie de « ses sujets », — c’est l’essence même de l’État, du gouvernement. Créer un gouvernement, constitutionnel ou non, c’est constituer une force qui fatalement cherchera à s’emparer de tout, à réglementer toutes les fonctions de la société, sans reconnaître d’autre frein que celui que nous pourrons lui opposer de temps en temps par l’agitation ou l’insurrection. Le gouvernement parlementaire — il l’a assez prouvé — ne fait pas exception à la règle.




« La mission de l’État — nous a-t-on dit pour mieux nous aveugler — c’est de protéger le faible contre le fort, le pauvre contre le riche, les classes laborieuses contre les classes privilégiées. » Nous savons comment les gouvernements se sont acquittés de cette mission : ils l’ont comprise à rebours. Fidèle à son