Page:Kropotkine — Paroles d'un Révolté.djvu/200

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tiques dans les réunions, personnelles aux individus ; comment ils pénètrent dans les familles, flattant la mère, l’enfant, caressant au besoin le chien asthmatique ou le chat de « l’électeur » ? Comment ils se répandent dans les cafés, convertissent les électeurs et attrapent les plus muets en engageant entre eux des discussions, comme ces compères d’escroquerie qui vous entraînent au jeu « des trois cartes » ? Comment le candidat, après s’être fait désirer, apparaît enfin au milieu de ses « chers électeurs », le sourire bienveillant, le regard modeste, la voix câline — tout comme la vieille mégère, loueuse de chambres à Londres, qui cherche à capter un locataire par son doux sourire et ses regards angéliques ? Faut-il énumérer les programmes menteurs — tous menteurs — qu’ils soient opportunistes ou socialistes-révolutionnaires, auxquels le candidat lui-même, pour peu qu’il soit intelligent et connaisse la Chambre, ne croit pas plus qu’aux prédictions du « Messager Boiteux » et qu’il défend avec une verve, un roulement de voix, un sentiment, dignes d’un fou ou d’un acteur forain ? Ce n’est pas en vain que la comédie populaire ne se borne plus à faire de Bertrand et de Robert Macaire de simples escrocs, des Tartufe, ou des filouteurs de banque, et qu’elle ajoute à ces excellentes qualités celle de « représentants du peuple », en quête de suffrages et de mouchoirs à empocher.

Faut-il enfin donner ici les frais des élections ? Mais tous les journaux nous renseignent suffisamment à cet égard. Ou bien reproduire la liste de dépenses d’un agent électoral, sur laquelle figurent des gigots de mouton, des gilets de flanelle et de l’eau sédative, envoyés par le candidat compatissant « à ces chers en-