hérissera de ses mercenaires. Elle procède cependant vis-à-vis des Communes avec caution : elle leur reconnaît certains privilèges, lors même qu’elle les asservit.
Chef de soldats qui ne lui obéissent qu’autant qu’il leur procure du butin, le roi a toujours été entouré d’un Conseil de ses sous-chefs, qui au quatorzième ou au quinzième siècle font son Conseil de la Noblesse. Plus tard, un Conseil de Clergé vient s’adjoindre à celui-ci. Et à mesure que le roi réussit à mettre la main sur les Communes, il invite à sa cour — surtout aux époques critiques — les représentants de « ses bonnes villes », afin de leur demander des subsides.
C’est ainsi que naquirent les parlements. Mais — notons-le bien — ces corps représentatifs, comme la royauté elle-même, n’avaient qu’un pouvoir fort limité. Ce qu’on leur demandait, c’était seulement un secours pécuniaire pour telle guerre ; et ce secours une fois voté par les délégués, encore fallait-il que la ville le ratifiât. Quant à l’administration intérieure des Communes, la royauté n’avait rien à y voir. — « Telle ville est prête à vous accorder tel subside pour repousser telle invasion. Elle consent à accepter une garnison pour servir de place forte contre l’ennemi », — voilà le mandat net et précis du représentant de l’époque. Quelle différence avec le mandat illimité, comprenant tout au monde, que nous donnons aujourd’hui à nos députés !
Mais la faute était faite. Nourrie par les luttes des riches et des pauvres, la royauté s’était constituée sous le couvert de la défense nationale.