Page:Kropotkine — Paroles d'un Révolté.djvu/216

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

nuelles ne favorisaient que trop — qu’elles imposaient, dirai-je — simultanément à toutes les nations européennes.

Les Communes, déjà en décadence, déjà États dans leurs murs, lui servirent de point de mire et de modèle. Il ne s’agissait que de les englober peu à peu, de s’en approprier les organes, de les faire servir au développement du pouvoir royal. C’est ce que fit la royauté, avec force ménagements à ses débuts, et de plus en plus brutalement à mesure qu’elle sentait croître ses forces.

Le droit écrit était né, ou plutôt cultivé, dans les chartes des Communes. Il servit de base à l’État. Plus tard, le droit romain vint lui donner sa sanction, en même temps qu’il donnait sa sanction à l’autorité royale. La théorie du pouvoir impérial, déterrée des glossaires romains, fut propagée au bénéfice du roi. L’Église, de son côté, s’empressa de la couvrir de sa bénédiction, et après avoir échoué dans sa tentative de constituer l’Empire universel, elle se rallia autour de celui par l’intermédiaire duquel elle espérait régner un jour sur la terre.




Cinq siècles durant la royauté poursuit ce lent travail d’agglomération, ameutant les serfs et les Communes contre le seigneur, et plus tard écrasant les serfs et les Communes avec l’aide du seigneur, devenu son fidèle serviteur. Elle débute en flattant les Communes, mais elle attend que les luttes intestines lui ouvrent leurs portes, lui livrent leurs caisses qu’elle empochera, et leurs remparts qu’elle