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Page:Kropotkine — Paroles d'un Révolté.djvu/220

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ses mains, à lui soumettre tout d’un bout à l’autre de la France — et puis à s’emparer de tout par l’Assemblée Nationale.

Cet idéal du jacobin, c’est encore jusqu’à présent l’idéal de la bourgeoisie de toutes les nations européennes, et le gouvernement représentatif, c’est son arme.




Cet idéal peut-il être le nôtre ? Les travailleurs socialistes peuvent-ils rêver de refaire dans les mêmes termes la révolution bourgeoise ? Peuvent-ils rêver de renforcer, à leur tour, le gouvernement central en lui livrant tout le domaine économique, et confier la gouverne de toutes leurs affaires, politiques, économiques, sociales, au gouvernement représentatif ? Ce qui fut un compromis entre la royauté et la bourgeoisie doit-il être l’idéal du travailleur socialiste ?

Évidemment non.

À une nouvelle phase économique correspond une nouvelle phase politique. Une révolution aussi profonde que celle qui est rêvée par les socialistes ne saurait rentrer dans les moules de la vie politique du passé. Une société nouvelle, basée sur l’égalité des conditions, sur la possession collective des instruments de travail, ne saurait s’accommoder, même pour huit jours, du régime représentatif ni d’aucune des modifications dont on chercherait à électriser ce cadavre.

Ce régime a fait son temps. Sa disparition est aussi inévitable aujourd’hui que le fut au temps jadis son apparition. Il correspond au règne de la bourgeoisie.