Les socialistes ont déjà fait maintes fois l’histoire de la genèse du Capital. Ils ont raconté comment il est né des guerres et du butin, de l’esclavage, du servage, de la fraude et de l’exploitation moderne. Ils ont montré comment il s’est nourri du sang de l’ouvrier et comment peu à peu il a conquis le monde entier. Ils ont encore à faire la même histoire, concernant la genèse et le développement de la Loi. L’esprit populaire, prenant, comme toujours, les devants sur les hommes de cabinet, fait déjà la philosophie de cette histoire et il en plante les jalons essentiels.
Faite pour garantir les fruits du pillage, de l’accaparement et de l’exploitation, la Loi a suivi les mêmes phases de développement que le Capital : frère et sœur jumeaux, ils ont marché la main dans la main, se nourrissant l’un et l’autre des souffrances et des misères de l’humanité. Leur histoire a été presque la même dans tous les pays de l’Europe. Ce ne sont que les détails qui diffèrent : le fond reste le même, et jeter un coup d’œil sur le développement de la Loi en France, ou en Allemagne, c’est connaître dans ses traits essentiels ses phases de développement dans la plupart des nations européennes.
À ses origines, la Loi était le pacte, ou contrat national. Au Champ de Mars, les légions et le peuple agréaient le contrat ; le Champ de Mai des communes primitives de la Suisse est encore un souvenir de cette époque, malgré toute l’altération qu’il a subie par l’immixtion de la civilisation bourgeoise et centralisatrice. Certes, ce contrat n’était pas toujours librement consenti ; le fort et le riche imposaient déjà leur volonté à cette époque. Mais du moins, ils rencontraient un obstacle à leurs tentatives d’envahissement dans