Page:Kropotkine — Paroles d'un Révolté.djvu/255

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fait sans beaucoup de difficultés. Il y a des moments où les gouvernements s’écroulent presque d’eux-mêmes, comme des châteaux de cartes, sous le souffle du peuple révolté. On l’a bien vu en 1848 et en 1870 ; on le reverra bientôt.

Renverser un gouvernement, — c’est tout pour un révolutionnaire bourgeois. Pour nous, ce n’est que le commencement de la Révolution Sociale. La machine de l’État une fois détraquée, la hiérarchie des fonctionnaires tombée en désorganisation et ne sachant plus dans quel sens il faut marcher, les soldats ayant perdu confiance en leurs chefs, — bref, l’armée des défenseurs du Capital une fois mise en déroute, — c’est alors que se dresse devant nous la grande œuvre de démolition des institutions qui servent à perpétuer l’esclavage économique et politique. La possibilité d’agir librement est acquise — que vont faire les révolutionnaires ?

À cette question, il n’y a que les anarchistes qui répondent : — « Pas de gouvernement, l’anarchie ! » Tous les autres disent : — « Un gouvernement révolutionnaire ! » Ils ne diffèrent que sur la forme à donner à ce gouvernement élu par le suffrage universel, dans l’État ou dans la Commune ; les autres se prononcent pour la dictature révolutionnaire.




Un « gouvernement révolutionnaire ! » Voilà deux mots qui sonnent bien étrangement à l’oreille de ceux qui se rendent compte de ce que doit signifier la Révolution Sociale et de ce que signifie un gouvernement. Deux mots qui se contredisent, se détruisent l’un