Page:Kropotkine — Paroles d'un Révolté.djvu/299

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assez puissante pour inspirer aux individus et aux groupes le sentiment d’abnégation, le désir irrésistible de mettre leurs idées en pratique — si ce désir avait existé, il se serait traduit par des actes, bien avant que la foule tout entière fût descendue dans la rue, — celui qui n’a pas su rendre son drapeau populaire et palpables ses aspirations et compréhensibles, — ce parti n’aura qu’une maigre chance de réaliser la moindre part de son programme. Il sera débordé par les partis d’action.

Voilà ce que nous enseigne l’histoire des périodes qui précédèrent les grandes révolutions. La bourgeoisie révolutionnaire l’a parfaitement compris : elle ne négligeait aucun moyen d’agitation pour réveiller l’esprit de révolte, lorsqu’elle cherchait à démolir le régime monarchique ; le paysan français du siècle passé le comprenait aussi instinctivement lorsqu’il s’agitait pour l’abolition des droits féodaux, et l’Internationale agissait d’accord avec ces mêmes principes, lorsqu’elle cherchait à réveiller l’esprit de révolte au sein des travailleurs des villes, et à le diriger contre l’ennemi naturel du salarié, — l’accapareur des instruments de travail et des matières premières.


III


Une étude serait à faire, — intéressante au plus haut degré, attrayante, et surtout instructive, — une étude sur les divers moyens d’agitation auxquels les