Page:Kropotkine — Paroles d'un Révolté.djvu/30

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physique. Mais, c’est peu. Pourrie jusqu’à la moelle la société tue encore nos enfants au moral.

En réduisant l’enseignement à un apprentissage routinier qui ne donne aucune application aux jeunes et nobles passions et au besoin d’idéal qui se révèlent à un certain âge chez la plupart de nos enfants, elle fait que toute nature tant soit peu indépendante, poétique ou flore, prend l’école en haine, se renferme en elle-même ou va trouver ailleurs une issue à ses passions. Les uns vont chercher dans le roman la poésie qui leur a manqué dans la vie ; ils se bourrent de cette littérature immonde, fabriquée, par et pour la bourgeoisie, à deux ou quatre sous la ligne, — et ils finissent, comme le jeune Lemaître, par ouvrir un jour le ventre et couper la gorge à un autre enfant, « afin de devenir assassins célèbres ». Les autres s’adonnent à des vices exécrables, et seuls, les enfants du juste-milieu, ceux qui n’ont ni passions, ni élans, ni sentiments d’indépendance, arrivent sans accidents « jusqu’au bout ». Ceux-là fourniront à la société son contingent de bons bourgeois à moralité mesquine, qui ne volent pas, il est vrai,