Page:Kropotkine — Paroles d'un Révolté.djvu/306

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vrais ennemis du peuple, il réveille au sein des paysans, des ouvriers et de la bourgeoisie la haine contre leurs ennemis, il annonce l’approche du jour de la libération et de la vengeance.




Pendre ou écarteler en effigie était un usage très répandu au siècle passé. Aussi était-ce un des moyens d’agitation les plus populaires. Chaque fois qu’il y avait effervescence des esprits, il se formait des attroupements qui portaient une poupée, représentant l’ennemi du moment, et pendaient, brûlaient ou écartelaient cette poupée. — « Enfantillage ! » diront les jeunes vieillards qui se croient si raisonnables. Eh bien, l’assaut du domicile de Réveillon pendant les élections de 1789, l’exécution de Foulon et de Bertier, qui changèrent complètement le caractère de la Révolution qu’on attendait, — n’ont été que l’accomplissement réel de ce qui avait été préparé de longue date, par l’exécution des poupées de paille.

Voici quelques exemples sur mille.

Le peuple de Paris n’aimait pas Maupéou, un des ministres bien chers à Louis XVI. Eh bien, on s’attroupe un jour ; des voix crient dans la foule : « Arrêt du Parlement qui condamne le sieur Maupéou, chancelier de France, à être brûlé vif et ses cendres jetées au vent ! » Après quoi, en effet, la foule marche vers la statue de Henri IV avec une poupée du chancelier, revêtue de tous ses insignes, et la poupée est brûlée aux acclamations de la foule. Un autre jour, on accroche à la lanterne la poupée de l’abbé Terray en costume ecclésiastique et en gants blancs. À Rouen,