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Page:Kropotkine — Paroles d'un Révolté.djvu/307

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on écartèle en effigie le même Maupéou, et lorsque la gendarmerie empêche un attroupement de se former, on se borne à pendre par les pieds un simulacre de l’accapareur, du blé s’échappant en pluie du nez, de la bouche et des oreilles.

Toute une propagande dans cette poupée ! et une propagande bien autrement efficace pour se faire écouter, que la propagande abstraite, qui ne parle qu’au petit nombre des convaincus.




L’essentiel, pour préparer les émeutes qui précédèrent la grande révolution, c’était que le peuple s’habituât à descendre dans la rue, à manifester ses opinions sur la place publique, qu’il s’habituât à braver la police, la troupe, la cavalerie. C’est pourquoi les révolutionnaires de l’époque ne négligèrent aucun des moyens pour attirer la foule dans les rues, pour provoquer les attroupements.

Chaque circonstance de la vie publique à Paris et dans les provinces était utilisée de cette manière. L’opinion publique a-t-elle obtenu du roi le renvoi d’un ministre détesté, ce sont des réjouissances, des illuminations à n’en plus finir. Pour attirer le monde, on brûle des pétards, on lance des fusées « en telle quantité qu’à certains endroits on marchait sur le carton ». Et si l’argent manque pour en acheter, on arrête les passants bien mis et on leur demande, — « poliment mais avec fermeté, disent les contemporains, — quelques sous pour divertir le peuple ». Puis, lorsque la masse est bien compacte, des orateurs prennent la parole pour expliquer et commenter les