sans se faire une idée — ne fût-ce que dans quelques traits essentiels, — de ce qui pourrait remplacer ce qu’on va démolir. — « On instituera une dictature révolutionnaire », disent les uns. — « On nommera un gouvernement, pris parmi les travailleurs, et on lui confiera l’organisation de la production », disent les autres. — « On mettra tout en commun dans les Communes insurgées », disent les troisièmes. Mais tous, sans exception, ont une conception quelconque de l’avenir, à laquelle ils tiennent plus ou moins ; et cette idée réagit, consciemment ou non, sur leur mode d’action dans la période préparatoire actuelle.
Nous ne gagnons donc rien à éviter ces « questions de théorie » ; au contraire, si nous voulons être « pratiques », nous devons nécessairement, dès aujourd’hui même, exposer et discuter sous tous ses aspects notre idéal de communisme anarchiste.
D’ailleurs, si maintenant, pendant la période d’accalmie relative que nous traversons, nous ne devons pas exposer, discuter et propager cet idéal — quand est-ce que nous le ferons ?
Sera-ce le jour où, dans la fumée des barricades, sur les débris de l’édifice renversé, il faudra, sur le champ ouvrir les portes à un nouvel avenir ? où il faudra avoir déjà une résolution prise et une ferme volonté pour la mettre à exécution ? — Alors, ce ne sera plus le temps de discuter. Il faudra agir, à l’instant même, soit dans un sens, soit dans un autre.
Ce qui a fait que les révolutions précédentes n’ont