Page:Kropotkine — Paroles d'un Révolté.djvu/325

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s’est pas assez occupée de la question sociale. D’autres encore, qu’il nous répugne même de nommer, mais qui n’en sont pas moins l’expression fidèle de la grosse bourgeoisie ou de la haute finance, s’apitoient déjà sur le sort réservé dans un avenir très prochain au pauvre patron qui sera forcé de travailler comme ses ouvriers, ou bien constatent avec effroi que le flot des colères populaires monte autour d’eux.

Les événements récents dans la capitale de l’Autriche, la sourde agitation qui règne dans le nord de la France, les événements d’Irlande et de Russie, les mouvements de l’Espagne et mille autres indices que nous connaissons tous ; le lien de solidarité qui unit les travailleurs de la France entre eux et avec ceux des autres pays — ce lien impalpable qui à un moment donné fait battre à l’unisson les cœurs des travailleurs et les unit en un seul faisceau, autrement formidable que lorsque l’union n’était représentée que par un comité quelconque, — tout cela ne peut que confirmer les prévisions.

Enfin, la situation en France qui entre de nouveau dans cette phase où tous les partis ambitionnant le pouvoir sont prêts à se donner la main pour tenter un coup ; l’activité redoublée des diplomates qui présage l’approche de la guerre européenne, tant de fois remise et d’autant plus sûre ; les conséquences inévitables de cette guerre qui seraient nécessairement l’insurrection populaire dans le pays envahi et vaincu ; — tous ces faits se produisant ensemble, à une époque grosse d’événements comme la nôtre, font prévoir que nous nous sommes rapprochés sensiblement du jour de la Révolution.