Page:Kropotkine — Paroles d'un Révolté.djvu/328

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sinon de droit, — et si les grands immeubles ne sont pas enlevés aux grands propriétaires, pour être mis à la portée de tous ceux qui veulent travailler le sol ; s’il se constitue en outre une classe de gouvernants qui ordonnent aux gouvernés, l’insurrection ne sera pas une révolution, et tout sera à recommencer. L’ouvrier, après avoir secoué le joug pour un moment, devra remettre de nouveau sa tête sous le même joug et de nouveau subir le fouet et l’aiguillon de son patron, l’arrogance de ses chefs, le vice et les crimes des oisifs, — sans parler de la terreur blanche, des déportations, des exécutions, de la danse effrénée des égorgeurs sur les cadavres des travailleurs.

L’expropriation — voilà donc le mot d’ordre qui s’impose à la prochaine révolution, sous peine de manquer à sa mission historique. L’expropriation complète de tous ceux qui ont le moyen d’exploiter des êtres humains. Le retour à la communauté de la nation de tout ce qui peut servir entre les mains de n’importe qui à exploiter les autres.

Faire en sorte que chacun puisse vivre en travaillant librement, sans être forcé de vendre son travail et sa liberté à d’autres qui accumulent les richesses par le labeur de leurs serfs, — voilà ce que doit faire la prochaine révolution.




Il y a dix ans, ce programme (du moins, dans sa partie économique) était accepté par tous les socialistes. Celui qui se disait socialiste l’admettait, et l’admettait sans réticences. Depuis, tant de cheva-