l’homme. Il s’agit de mettre fin aux iniquités, aux vices, aux crimes qui résultent de l’existence oisive des uns et de la servitude économique, intellectuelle et morale des autres. Le problème est immense. Mais, puisque les siècles passés ont légué ce problème à notre génération ; puisque c’est nous qui nous trouvons dans la nécessité historique de travailler à sa solution tout entière, nous devons accepter la tâche. D’ailleurs, nous n’avons plus à chercher à tâtons la solution. Elle nous a été imposée par l’histoire, en même temps que le problème ; elle a été dite, elle se dit hautement dans tous les pays de l’Europe, et elle résume le développement économique et intellectuel de notre siècle. C’est l’Expropriation ; c’est l’Anarchie.
Si la richesse sociale reste entre les mains des quelques-uns qui la possèdent aujourd’hui ; si l’usine, le chantier et la manufacture restent la propriété du patron ; si les chemins de fer, les moyens de transport continuent à être entre les mains des compagnies et des individus qui les ont accaparés ; si les maisons des villes ainsi que les villas des seigneurs restent en possession de leurs propriétaires actuels, au lieu d’être mises, dès la révolution, à la disposition gratuite de tous les travailleurs ; si tous les trésors accumulés, soit dans les banques, soit dans les maisons des richards, ne reviennent pas immédiatement à la collectivité — puisque tous ont contribué à les produire, — si le peuple insurgé ne prend pas possession de toutes les denrées et provisions amassées dans les grandes villes et ne s’organise pas pour les mettre à la portée de tous ceux qui en ont besoin ; si la terre, enfin, reste propriété des banquiers et usuriers, — auxquels elle appartient aujourd’hui, de fait,