l’entortiller de leurs filets ; elle est enfin dans les prix si élevés de la terre, accaparée par les riches, soit comme propriété d’agrément, soit pour les besoins de l’industrie ou du trafic.
Analysons le premier de ces facteurs, le plus général à nos yeux. Pour tenir tête aux progrès de l’agriculture, pour pouvoir vendre au même prix que celui qui cultive à la vapeur et qui force les récoltes avec des engrais chimique le paysan doit avoir aujourd’hui un certain capital qui lui permette d’apporter quelques améliorations dans sa culture. Sans un fonds de réserve, point d’agriculture possible. La maison se délabre, le cheval vieillit, la vache cesse de donner du lait, la charrue s’use, le char se brise : il faut les remplacer, les réparer. Mais en outre, il faut encore augmenter le cheptel, se procurer quelques instruments perfectionnés, améliorer son champ. Pour cela il faut tout de suite débourser quelques billets de mille francs, et ce sont ces billets de mille francs que le paysan ne peut jamais trouver. — Que fait-il alors ? Il a beau pratiquer « le système de l’unique héritier », qui dépeuple la France, il ne parvient pas à se tirer d’affaire. Il finit donc par envoyer son enfant à la ville, — renforcer le prolétariat urbain, et lui-même il hypothèque, il s’endette, et il redevient serf, — serf du banquier, comme il l’était jadis du seigneur.
Voilà la petite propriété aujourd’hui. Ceux qui lui chante encore des cantiques se trouvent en retard d’un demi-siècle : ils raisonnent sur des faits observés il y a cinquante ans ; ils ignorent la réalité du présent.