Page:Kropotkine — Paroles d'un Révolté.djvu/347

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tre part la propagande incessante des idées auront pour conséquences de grandes ruptures d’équilibre, c’est-à-dire des révolutions. Ces jours-là nous pourrons agir. Que de fois déjà, les révolutionnaires ont été surpris, laissant passer les événements sans les utiliser pour leur cause, voyant s’enfuir la fortune propice sans la saisir !

Eh bien, quand ces jours viendront, — et c’est à vous d’en hâter la venue, — quand toute une région, quand de grandes villes avec leurs banlieues se seront débarrassées de leurs gouvernants, notre œuvre est toute tracée, il faut que l’outillage entier revienne à la communauté, que l’avoir social détenu par les particuliers fasse retour à son véritable maître, tout le monde, afin que chacun puisse avoir sa large part à la consommation, que la production puisse continuer dans tout ce qu’elle a de nécessaire et d’utile, et que la vie sociale, loin d’être interrompue, puisse reprendre avec la plus grande énergie. Sans les jardins et les champs qui nous donnent des denrées indispensables à la vie, sans les greniers, les entrepôts, les magasins qui renferment les produits accumulés du travail, sans les usines et les ateliers qui fournissent les étoffes, les métaux ouvrés, les mille objets de l’industrie et de l’art, ainsi que les moyens de défense, sans les chemins de fer et autres voies de communication qui nous permettent d’échanger nos produits avec les communes libres des alentours et de combiner nos efforts pour la résistance et pour l’attaque, nous sommes condamnés d’avance à périr, nous étouffons comme le poisson hors de l’eau, qui ne peut plus respirer, quoique baignant en entier dans l’immense océan de l’air.