Page:Kropotkine — Paroles d'un Révolté.djvu/346

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nibles mois d’attente suffiraient pour la rédaction de ces lois de salut qui devaient les transformer en hommes libres et leur assurer avec le travail, le pain de chaque jour. Au lieu de demander, n’eût-il pas été plus sûr de prendre ? Au lieu de faire parade de sa misère, n’était-il pas préférable d’y mettre un terme ? Ce n’est pas que le dévouement ne soit une grande et belle chose, mais ce n’est pas se dévouer, c’est trahir, que d’abandonner à leur malheureux sort tous ceux qui marchent avec nous. Que les combattants meurent, c’est bien, mais que leur mort soit utile ! Que les hommes de dévouement se sacrifient, rien de plus juste, mais que la foule profite du sacrifice de ces vaillants !




Seule, l’expropriation générale peut satisfaire la multitudes des souffrants et des opprimés. Du domaine de la théorie il faudra la faire entrer dans celui de la pratique. Mais pour que l’expropriation réponde au principe, qui est de supprimer la propriété privée et de rendre tout à tous, il faut qu’elle s’accomplisse en de vastes proportions. En petit, on n’y verrait qu’un vulgaire pillage ; en grand, c’est le commencement de la réorganisation sociale. Sans doute, nous serions tout à fait ignorants des lois de l’histoire si nous nous imaginions que, tout à coup, tout un vaste pays puisse devenir notre champ d’expérience. La France, l’Europe, le monde, ne se feront pas anarchistes par une transformation soudaine ; mais nous savons aussi que d’une part l’insanité des gouvernants, leurs ambitions, leurs guerres, leurs banqueroutes, et d’au-