Page:Kropotkine — Paroles d'un Révolté.djvu/70

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mation complète de la société. Telle est la conséquence forcée de l’analyse que nous avons faite. Telle sera la conclusion logique, à laquelle devra forcément arriver tout être intelligent, pourvu qu’il raisonne honnêtement sur ce qui se passe autour de lui, pour peu qu’il sache avoir raison des sophismes que lui soufflent à l’oreille son éducation bourgeoise et l’opinion intéressée de ceux qui l’entourent.

Cette conclusion une fois acquise, la question « Que faire ? » est venue naturellement se poser.

La réponse est facile.

Sortez seulement de ce milieu dans lequel vous êtes placé et où il est d’usage de dire que le peuple n’est qu’un tas de brutes, venez vers ce peuple, et la réponse surgira d’elle-même.

Vous verrez que partout, en France comme en Allemagne, en Italie comme aux États-Unis, partout où il y a des privilégiés et des opprimés, il s’opère au sein de la classe ouvrière un travail gigantesque, dont le but est de briser à jamais les servitudes imposées par la féodalité capitaliste et de jeter les fondements d’une société établie sur les bases de la justice et de l’égalité. Il ne suffit plus au peuple d’aujourd’hui d’exprimer ses plaintes par une de ces chansons dont la mélodie vous fendait le cœur et que chantaient les serfs du dix-huitième siècle, que chantent encore les paysans slaves ; il travaille, avec la conscience de ce qu’il a fait et contre tous les obstacles, à son affranchissement.

Sa pensée s’exerce constamment à deviner ce qu’il s’agit de faire afin que la vie, au lieu d’être une malédiction pour les trois quarts de l’humanité, soit un bonheur pour tous. Il aborde les problèmes les plus