Page:Kropotkine — Paroles d'un Révolté.djvu/75

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doivent être éliminées, et ce qu’il faut pour éliminer ces causes. Venez donc, avec votre scalpel, disséquer d’une main sûre cette société en voie de décomposition, nous dire ce qu’une existence rationnelle devrait et pourrait être et, en vrai médecin, nous répéter que l’on ne s’arrête pas devant la suppression d’un membre gangrené lorsqu’il peut infecter tout le corps.

Vous, qui avez travaillé aux applications de la science à l’industrie, venez donc nous raconter franchement quel a été le résultat de vos découvertes ; faites entrevoir à ceux qui n’osent pas encore se lancer hardiment vers l’avenir, ce que le savoir déjà acquis porte dans ses flancs d’inventions nouvelles, ce que pourrait être l’industrie dans de meilleures conditions, ce que l’homme pourrait produire s’il produisait toujours pour augmenter sa production. Apportez donc au peuple le concours de votre intuition, de votre esprit pratique et de vos talents d’organisation, au lieu de les mettre au service des exploiteurs.

Vous, poètes, peintres, sculpteurs, musiciens, si vous avez compris votre vraie mission et les intérêts de l’art lui-même, venez donc mettre votre plume, votre pinceau, votre burin, au service de la révolution. Racontez-nous dans votre style imagé ou dans vos tableaux saisissants les luttes titaniques des peuples contre leurs oppresseurs ; enflammez les jeunes cœurs de ce beau souffle révolutionnaire qui inspirait nos ancêtres ; dites à la femme ce que l’activité de son mari a de beau s’il donne sa vie à la grande cause de l’émancipation sociale. Montrez au peuple ce que la vie actuelle a de laid, et faites-nous toucher du doigt les causes de cette laideur ; dites--