Page:Kropotkine — Paroles d'un Révolté.djvu/94

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les suivent, — serait chez nous bien plus populaire encore que la guerre de 1870 ! »

Mais quoi ! Cette fameuse alliance de l’Allemagne et de l’Autriche n’est-elle pas aussi écrite sur le sable, et les deux puissances, — les deux bourgeoisies, — sont-elles si éloignées d’une brouille sérieuse à propos de tarifs ? Et les deux sœurs jumelles, l’Autriche et la Hongrie, ne sont-elles pas aussi sur le point de se déclarer une guerre de tarifs, — leurs intérêts étant diamétralement opposés quant à l’exploitation des Slaves méridionaux ? Et la France elle-même, n’est-elle pas divisée sur des questions de tarifs ?




Oui, certes, vous n’avez pas voulu du socialisme, et vous aurez la guerre. Vous en auriez pour trente ans de guerre, si la Révolution ne venait mettre fin à cette situation aussi absurde qu’ignoble. Mais, sachons-le bien aussi. Arbitrage, équilibre, suppression des armées permanentes, désarmement, — tout cela ce sont de beaux rêves, mais sans aucune portée pratique. Il n’y a que la Révolution qui, après avoir remis l’instrument, la machine, la matière première et toute la richesse sociale aux mains du producteur et réorganisé toute la production de manière à satisfaire les besoins de ceux qui produisent tout, pourra mettre fin aux guerres pour les marchés.

Chacun travaillant pour tous, et tous pour chacun, — voilà la seule condition pour amener la paix au sein des nations, qui la demandent à grands cris, mais qui en sont empêchées par les accapareurs actuels de la richesse sociale.