Page:Kropotkine - L’Anarchie, sa philosophie, son idéal.djvu/12

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dres parcelles microscopiques de la matière organisée.

Toute une révolution se produit ainsi dans la philosophie de la vie.




Mais c’est surtout en psychologie que cette révolution amène aux conséquences de la plus haute portée.

Tout récemment encore, le psychologue parlait de l’homme comme d’un être entier, un et indivisible. Resté fidèle à la tradition religieuse, il aimait classer les hommes en bons et mauvais, en intelligents et stupides, en égoïstes et altruistes. Même chez les matérialistes du dix-huitième siècle, l’idée d’une âme, d’une entité indivise, continuait à se maintenir.

Mais que penserait-on aujourd’hui d’un psychologue qui parlerait encore ce langage ! Le psychologue de nos jours voit dans l’homme une multitude de facultés séparées, de tendances autonomes, égales entre elles, fonctionnant chacune indépendamment, s’équilibrant, se contredisant continuellement. Pris dans son ensemble, l’homme n’est plus pour lui qu’une résultante, toujours variable, de toutes ces facultés diverses, de toutes ces tendances autonomes des cellules du cerveau et des centres nerveux. Toutes sont reliées entre elles au point de réagir chacune sur toutes les autres, mais elles vivent de leur vie propre, sans être subordonnées à un organe central — l’âme.




Sans que j’entre dans de plus amples détails, vous voyez ainsi qu’une modification profonde se produit en ce moment dans l’ensemble des sciences naturelles. Non pas qu’elles poussent leur analyse jusqu’à des détails que l’on aurait d’abord négligés. Non ! Les faits