Page:Kropotkine - L’Anarchie, sa philosophie, son idéal.djvu/25

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geux que les États s’endettent toujours de plus en plus. Mais le jour où la haute banque trouvera son compte à ce que la guerre éclate, les troupeaux humains seront lancés contre d’autres troupeaux et s’entre-tueront pour arranger les affaires des maîtres financiers de l’univers.

Tout s’enchaîne, tout se tient dans le système économique actuel, et tout concourt à rendre inévitable la chute du système industriel et marchand, sous lequel nous vivons. Sa durée n’est plus qu’une question de temps, que l’on peut chiffrer déjà par années et non plus par siècles. Une affaire de temps — et d’énergie d’attaque de notre part ! Les paresseux ne font pas l’histoire : ils la subissent !




C’est pourquoi des minorités si puissantes se constituent au sein de toutes les nations civilisées, et demandent à hauts cris le retour à la communauté de toutes les richesses accumulées par le travail des générations précédentes. La communalisation du sol, des mines, des usines, des maisons habitées et des moyens de transport est déjà le mot d’ordre de ces fractions imposantes, et la répression — cette arme favorite des riches et des puissants — ne peut plus rien pour arrêter la marche triomphale des esprits révoltés. Et si des millions de travailleurs ne se mettent pas encore en branle pour arracher de vive force le sol et l’usine aux accapareurs, — soyez sûrs que ce n’est pas faute d’en avoir envie. Ils attendent seulement, pour le faire, des événements propices — un moment comme celui qui se présenta en 1848, où ils pourront se lancer dans la démolition du régime actuel, avec l’espoir d’être soutenus par un mouvement international.