Page:Kropotkine - L’Anarchie, sa philosophie, son idéal.djvu/45

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cohérente de sujets, soumis sous tous les rapports à une autorité centrale.

Non seulement le régime de coercition a créé les maux du système économique, politique et social actuel, mais il a fait preuve d’impuissance absolue pour relever le niveau moral des sociétés ; il n’a même pas su le maintenir au niveau qu’elles avaient atteint. Car si une fée bienfaisante pouvait révéler aux yeux de tous les crimes qui se commettent chaque jour, à chaque instant dans une société civilisée, sous le couvert de l’inconnu, des hautes protections et de la loi elle-même, la société en frémirait. Les plus grands crimes politiques, comme le 2 décembre ou la semaine sanglante, ne sont jamais atteints, et, comme disait le poète : « on frappe les petits mécréants pour la satisfaction des grands ». Plus que cela. Alors même que l’autorité se charge de moraliser la société par le « châtiment des criminels » elle ne fait qu’accumuler de nouveaux crimes !

Pratiquée depuis des siècles, la répression a si mal réussi que nous sommes dans une impasse, dont nous ne pourrons sortir qu’en portant la torche et la hache dans les institutions de notre passé autoritaire.




Loin de nous l’idée de méconnaître l’importance du second facteur, l’enseignement moral — celui surtout qui se transmet inconsciemment dans la société et résulte de l’ensemble des idées et des appréciations émises par chacun de nous sur les faits et les événements de la vie quotidienne. Mais cette force ne peut agir sur la société qu’à une seule condition : celle de ne pas être contrecarrée par un autre ensemble d’ensei-