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Page:Kropotkine - L Entraide un facteur de l evolution, traduction Breal, Hachette 1906.djvu/233

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des discussions actuelles sur la journée de huit heures, il sera bon aussi de rappeler une ordonnance de Ferdinand Ier relative aux mines impériales de charbon, qui réglait la journée du mineur à huit heures, « comme c’était la coutume autrefois » (wie vor Alters herkommen), et il était défendu de travailler l’après-midi du samedi. Plus de huit heures de travail était fort rare, nous dit Janssen, mais moins de huit heures était un fait commun. En Angleterre, au XVe siècle, dit Rogers, « les ouvriers ne travaillaient que quarante-huit heures par semaine[1] ». De même, la demi-journée de repos du samedi, que nous considérons comme une conquête moderne, était en réalité une institution ancienne du moyen âge ; c’était l’après-midi du bain pour une grande partie des membres de la commune, tandis que l’après-midi du mercredi était réservé au bain des Geselle[2]. Et quoique les repas scolaires n’existassent point — probablement parce que aucun enfant n’arrivait à l’école à jeun — une distribution d’argent pour le bain, aux enfants dont les parents trouvaient difficile d’y pourvoir, était habituelle en plusieurs endroits. Quant aux Congrès du Travail, cela aussi existait fréquemment au moyen âge. En certaines parties de l’Allemagne les artisans d’un même métier,

  1. The Economical Interpretation of History, Londres, 1891.
  2. Janssen, loc. cit. Voir aussi Dr Alwin Schultz, Deutsches Leben im XIV und XV Jahrhundert, grande édition, Vienne, 1892, pp. 67 et suiv. A Paris, la journée de travail variait de 7 à 8 heures en hiver, à 14 heures en été dans certains métiers ; tandis que pour d’autres, elle était de 8 à 9 heures en hiver, et de 10 ou 12 en été. Tout travail était arrêté le samedi et environ vingt-cinq autres jours (jours de commun de vile foire) à 4 heures ; le dimanche et trente autres jours de fêtes, il n’y avait pas de travail du tout. La conclusion générale est que l’ouvrier du moyen âge travaillait moins d’heures, tout compris, que l’ouvrier d’aujourd’hui (Dr E. Martin Saint-Léon, Histoire des corporations, p. 121.)