Page:Kropotkine - L Entraide un facteur de l evolution, traduction Breal, Hachette 1906.djvu/243

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aisément conclues entre villes, montrent mieux le caractère de ces luttes et achèvent de ruiner la théorie dont nous venons de parler. Déjà pendant les années 1130-1150 des ligues puissantes s’étaient formées. Quelques années plus tard, lorsque Frédéric Barberousse envahit l’Italie et, soutenu par les nobles et par quelques cités retardataires, marcha contre Milan, le peuple plein d’enthousiasme, fut soulevé dans beaucoup de villes par des prédicateurs populaires. Crema, Piacenza, Brescia, Tortona, etc., vinrent à la rescousse ; les bannières des guildes de Vérone, Padoue, Vicence et Trévise flottèrent côte à côte dans le camp des cités contre les bannières de l’empereur et des nobles. L’année suivante la ligue lombarde fut créée, et, soixante ans plus tard, nous la voyons renforcée par beaucoup d’autres cités, formant une organisation solide qui avait la moitié de son trésor fédéral pour la guerre à Gênes et l’autre moitié à Venise[1]. En Toscane, Florence se mit à la tête d’une autre ligue puissante, à laquelle Lucques, Bologne, Pistoïe, etc., appartenaient, et qui joua un rôle important en écrasant les nobles dans le centre de l’Italie. D’autres ligues, plus petites, étaient fréquentes. Ainsi malgré les mesquines rivalités qui engendraient aisément la discorde, les villes s’unissaient pour la défense commune de la liberté. Plus tard seulement, lorsque les cités devinrent de petits États, les guerres éclatèrent entre elles, comme il est fatal lorsque des États entrent en lutte pour la suprématie ou pour la possession de colonies.

Des ligues semblables se formaient en Allemagne dans le même but. Lorsque, sous les successeurs de

    comme Pise ou Vérone, perdirent à ces guerres. Pour beaucoup de villes qui combattirent du côté des barons, la défaite fut aussi le commencement de la libération et du progrès.

  1. Ferrari, II, 18,104 et suiv. ; Leo et Botta, I, 432.