Page:Kropotkine - L Entraide un facteur de l evolution, traduction Breal, Hachette 1906.djvu/306

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Durant les trois derniers siècles, les conditions pour le développement de telles institutions ont été aussi défavorables dans les villes que dans les villages. En effet, lorsque les cités du moyen âge furent soumises au XVIe siècle par les États militaires naissants, toutes les institutions qui maintenaient l’union dans les guildes et les cités, entre les artisans, les maîtres et les marchands, furent violemment détruites. L’autonomie et l’auto-juridiction de la guilde et de la cité furent abolies ; le serment de fidélité entre les frères de la guilde devint un acte de félonie envers l’État ; les biens des guildes furent confisqués de la même façon que les terres des communes villageoises, et l’organisation intérieure et technique de chaque métier fut accaparée par l’État. Des lois, de plus en plus sévères, furent faites pour empêcher les artisans de s’unir d’aucune manière. Pendant un certain temps, quelques vestiges des anciennes guildes furent tolérés : les guildes de marchands purent subsister, à condition d’accorder généreusement des subsides aux rois, et des guildes d’artisans continuèrent d’exister, en tant qu’organes de l’administration centrale. Quelques-unes traînent encore aujourd’hui une existence insignifiante. Mais ce qui faisait autrefois la force de la vie du moyen âge et de son industrie a disparu depuis longtemps, sous le poids écrasant de l’État centralisé.

En Grande-Bretagne, pays qui offre le meilleur exemple de la politique industrielle des États modernes, nous voyons le Parlement commencer la destruction des guildes dès le XVe siècle ; mais ce fut surtout au siècle suivant que l’on procéda par mesures décisives. Henry VIII non seulement détruisit l’organisation des guildes, mais il confisqua leurs biens, en y mettant, — comme le dit Toulmin Smith, — encore moins de prétextes et de façons que pour confisquer les biens des mo-