Page:Kropotkine - L Entraide un facteur de l evolution, traduction Breal, Hachette 1906.djvu/309

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Est-il besoin de dire que même de telles mesures ne pouvaient détruire cette tendance ? Pendant tout le XVIIIe siècle, les unions d’ouvriers furent continuellement reconstituées[1]. Elles ne furent pas non plus arrêtées par les poursuites cruelles qui eurent lieu en vertu des lois de 1797 et 1799. Chaque défaut dans la surveillance, chaque délai des maîtres à dénoncer les associations furent mis à profit. Sous le couvert de sociétés amicales, de clubs pour les funérailles ou de confréries secrètes, les associations se répandirent dans les industries textiles, parmi les couteliers de Sheffield, les mineurs, et de fortes organisations fédérales furent formées pour soutenir les divers corps de métiers durant les grèves et les persécutions[2].

L’abrogation des lois sur les associations, en 1825, donna une nouvelle impulsion à ce mouvement. Des unions et des fédérations nationales furent formées dans les métiers[3] ; et lorsque Robert Owen fonda la « Grand National Consolidated Trades’Union », elle réunit un demi-million de membres en quelques mois. Il est vrai que cette période de liberté relative ne dura pas longtemps, Les poursuites recommencèrent, vers 1830, et furent suivies par des condamnations féroces, de 1832 à 1844. La Grande Union Nationale des Métiers fut dissoute, et partout les patrons, ainsi que le Gouvernement dans ses propres ateliers, forcèrent

  1. Voir Sidney et Beatrice Webb, History of Trade-Unionism, Londres, 1894, pp. 21-38.
  2. Voir dans l’ouvrage de Sidney Webb les associations qui existaient à cette époque. Il semble que les artisans de Londres n’aient jamais été mieux organisés qu’en 1810-1820.
  3. L’Association Nationale pour la Protection du travail comprenait environ 150 unions distinctes, qui payaient des cotisations élevées, et comptaient environ 100.000 membres. L’Union des ouvriers en bâtiment et l’Union des mineurs étaient aussi de fortes organisations (Webb,loc. cit., p. 107).