II
Si l’idée de l’expropriation devient populaire, la mise en exécution ne se heurtera nullement aux obstacles insurmontables dont on aime à nous menacer.
Certainement, les messieurs galonnés qui auront occupé les fauteuils vacants des ministères et de l’Hôtel de Ville ne manqueront pas d’accumuler les obstacles. Ils parleront d’accorder des indemnités aux propriétaires, de dresser des statistiques, d’élaborer de longs rapports, — si longs qu’ils pourraient durer jusqu’au moment où le peuple, écrasé par la misère du chômage, ne voyant rien venir et perdant sa foi dans la Révolution, laisserait le champ libre aux réactionnaires, et finiraient par rendre l’expropriation bureaucratique odieuse à tout le monde.
En cela, il y a, en effet, un écueil sur lequel tout pourrait sombrer. Mais si le peuple ne se rend pas aux faux raisonnements dont on cherchera à l’éblouir ; s’il comprend qu’une vie nouvelle demande des procédés nouveaux, et s’il prend lui-même la besogne entre ses mains, — alors l’expropriation pourra se faire sans grandes difficultés.
— « Mais comment ? Comment pourrait-elle se faire ? » nous demandera-t-on. — Nous allons le dire, mais avec une réserve. Il nous répugne de tracer dans leurs moindres détails des plans d’expropria-