Page:Kropotkine - La Conquête du pain.djvu/119

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tion. Nous savons d’avance que tout ce qu’un homme, ou un groupe, peuvent suggérer aujourd’hui sera dépassé par la vie humaine. Celle-ci, nous l’avons dit, fera mieux, et plus simplement que tout ce que l’on pourrait lui dicter d’avance.

Aussi, en esquissant la méthode suivant laquelle l’expropriation et la répartition des richesses expropriées pourraient se faire sans l’intervention du gouvernement, nous ne voulons que répondre à ceux qui déclarent la chose impossible. Mais nous tenons à rappeler que, d’aucune façon, nous ne prétendons préconiser telle ou telle manière de s’organiser. Ce qui nous importe, c’est de démontrer seulement que l’expropriation peut se faire par l’initiative populaire, et ne peut pas se faire autrement.


Il est à prévoir que dès les premiers actes d’expropriation, il surgira dans le quartier, la rue, le pâté de maisons, des groupes de citoyens de bonne volonté qui viendront offrir leurs services pour s’enquérir du nombre des appartements vides, des appartements encombrés par des familles nombreuses, des logements insalubres et des maisons qui, trop spacieuses pour leurs occupants, pourraient être occupées par ceux qui manquent d’air dans leurs bicoques. En quelques jours ces volontaires dresseront pour la rue, le quartier, des listes complètes de tous les appartements, salubres et insalubres, étroits et spacieux, des logements infects et des demeures somptueuses.

Librement ils se communiqueront leurs listes, et en peu de jours ils auront des statistiques complètes. La statistique mensongère peut se fabriquer dans des bureaux ; la statistique vraie, exacte, ne peut venir