Page:Kropotkine - La Conquête du pain.djvu/175

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évidemment très simple. C’est la machine qui se charge pour les trois quarts des soins du ménage.

Vous cirez vos souliers et vous savez combien ce travail est ridicule. Frotter vingt ou trente fois un soulier avec une brosse, que peut-il y avoir de plus stupide ? Il faut qu’un dixième de la population européenne se vende, en échange d’un grabat et d’une nourriture insuffisante, pour faire ce service abrutissant ; il faut que la femme se considère elle-même, comme une esclave, pour que pareille opération continue à se faire chaque matin par des douzaines de millions de bras.

Cependant, les coiffeurs ont déjà des machines pour brosser les crânes lisses et les chevelures crépues ; n’était-il pas bien simple d’appliquer le même principe à l’autre extrémité ? — C’est ce que l’on a fait. — Aujourd’hui la machine à cirer les souliers devient d’usage général dans les grands hôtels américains et européens. Elle se répand aussi en dehors des hôtels. Dans les grandes écoles d’Angleterre, divisées en sections différentes, tenant chacune en pension de 50 à 200 écoliers, on a trouvé plus simple d’avoir un seul établissement qui, chaque matin, brosse à la machine les mille paires de souliers ; cela dispense d’entretenir une centaine de servantes préposées spécialement à cette opération stupide. L’établissement prend le soir les souliers et les rend le matin à domicile, cirés à la machine.


Laver la vaisselle ! Où trouverait-on une ménagère qui n’ait pas ce travail en horreur ? Travail long et sale à la fois, et qui se fait encore le plus souvent à la main, uniquement parce que le travail de l’esclave domestique ne compte pas.